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Two poems by Arthur Rimbaud

Translated by Marc Di Saverio

Démocratie

« Le drapeau va au paysage immonde, et notre patois étouffe le tambour.
« Aux centres nous alimenterons la plus cynique prostitution. Nous massacrerons les révoltes logiques.
« Aux pays poivrés et détrempés ! — au service des plus monstrueuses exploitations industrielles ou militaires.
« Au revoir ici, n’importe où. Conscrits du bon vouloir, nous aurons la philosophie féroce ; ignorants pour la science, roués pour le confort ; la crevaison pour le monde qui va. C’est la vraie marche. En avant, route ! »

—Arthur Rimbaud

DEMOCRACY

“The flag advances through a putrid land; the drum is hushed by our dialect.
In hearts of cities, we will feed the most cynical whoremongering. We will slaughter all logical uprising.
We’re off to spicy sodden nations! To serve the most monstrous military or industrial exploitations.
See you later here, it doesn’t matter where. We’re the good-willed draftees of a ferocious philosophy, overlooking science. It’s all about the comfort. So what if we poke a few holes in this world that goes. Now, the real advance—Company-y-y, march!”

—translated by Marc di Saverio

***


LE DORMEUR DU VAL

C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert ou la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme:
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

—Arthur Rimbaud

***

THE SLEEPER IN THE VALLEY

It’s a green ravine with a river that sings
And madly clings to silvery tatters
On the grasses—a little valley bubbling
With beams of a sun that scatters

From the noble peak. A young soldier, helmetless,
Open-mouthed, bathing his nape in the cool blue cress,
Sleeps; he’s under clouds, pale, outspread
Where light is raining down on his green bed.

With his feet in the gladioli, he sleeps. Smiling how
A sick kid smiles, he’s catching some zees.
Nature, cradle him closely, he’s

Cold. Smells won’t make his nostrils quiver now.
One hand on breast, asleep in the sun, he’s pacified;
There are two red holes in his right side.

—translated by Marc di Saverio